Michel Cassir

LEBANON | FRANCE

ABOUT

Poet, translator and director of the Levée d’ancre, poetry collection at Éditions l’Harmattan since 2001 (160 titles published), Michel Cassir is also a well-known chemist. He published thirty literary works. An anthology of his poems was published in Turkey and Italy. Born in Alexandria, Egypt, in 1952, he spent his youth in Lebanon, where he was part of the innovative and rebellious French-language poetry movement. After nine years in Mexico, he lives in Paris since 1986, where he continues to create and disseminate poetry. He was published in anthologies and poetry magazines in some fifteen countries. Published in anthologies and poetic reviews in some fifteen countries, e translated many Spanish-language works (Spain, Latin America), he was awarded the “Silver Jasmine” literary prize in 2008 for his overall poetic work.

à propos

Poète, traducteur et directeur de la collection de poésie Levée d’Ancre aux Éditions l’Harmattan depuis 2001 (160 titres parus), Michel Cassir est aussi un chimiste reconnu. Il a publié trente ouvrages littéraires. Une anthologie de ses poèmes est parue en Turquie et en Italie. Né en 1952 à Alexandrie en Égypte, il passe sa jeunesse au Liban où il fait partie du courant novateur et rebelle de la poésie francophone. Après neuf ans au Mexique, il vit à Paris depuis 1986, où il poursuit une activité soutenue de création et diffusion de la poésie. Publié dans des anthologies et revues poétiques dans une quinzaine de pays, il a traduit de nombreux poètes de langue espagnole (Espagne, Amérique latine). Il obtient le Prix littéraire « Le jasmin d’Argent » en 2008 pour l’ensemble de son œuvre.

GAZA L’ÉTÉ

mer sourcil froncé d’amiral
terre fil barbelé qui déroule ses arabesques
ciel assemblage de drones de toutes nuances
ciel pieuvre électronique dont le soleil creuse
le front
terre engendrant des tours carcérales
terre peau de chagrin
mer illusion d’optique dont les poissons
appartiennent à la haute stratégie d’état
ciel pluie de lances clouant au sol tout
sursaut d’humanité
ciel capsule télécommandée par la justice
divine qui a délégué son pouvoir à des
masques démocratiques
mer se dessèche dans la bouche des enfants
jouant dans la ferraille du lendemain écorche l’écho du coquillage
l’enfant traque l’adulte de sa peur sourde
comme le tambour sanguin
panique et résistance vieillard miroir
d’adolescent
terre enclave qui respire à travers ses
tunnels souterrains creusés à même les ongles
ces artères diaboliques devront être extirpées
de la mémoire
elles seront noyées dans un lac de
complaisance sous l’œil du maître
présumé
ciel marmite de ventres creux la terre les
emplissant de poussière mêlée de
brisures métalliques
mer se noie dans les regards noirs d’asphyxie
contrairement à ce vieux poème arabe qui
disait que la mer est devant et l’ennemi
dans le dos
ici toute idée est acculée à l’anéantissement
ni devant ni derrière seul l’enchevêtrement
de cauchemars rugissant comme des
fauves
dehors mer n’est pas la mer ni terre la terre
et ciel en a à peine la semblance avec ses murmures d’espion supersonique
au-dedans grand cirque fatal où tantôt on
s’amuse de tout on court éperdument ou on se terre
nul lieu épargné quand les foudres
s’emparent du pauvre ciel saturé unicorne à bout de souffle
combien de temps tiendra-t-il ce ciel
non seulement théâtre expérimental de feu et
silence tacticien mais au cœur de la
séduction ou de l’invective pluie de
messages pour susciter l’émoi indigène
au-dedans plus le cœur à compter têtes et
corps qui se détachent comme on
effeuille marguerite
il paraît que cette terre est nôtre et qu’avec
elle parodie de ciel et au moins vue sur mer avec pêche rapprochée furtive
ne pas pousser trop loin patience des dieux
de guerre
ces dieux zélés joueurs d’échec ont plusieurs
rôles punir assiéger mais aussi éduquer démocratie surdouée et sournoise
nous ne sommes rien ici à Gaza quelques
entêtés tous qualifiés terroristes femmes enfants adultes à égalité l’ignominie
plumés et transformés en entités abstraites
pour purifier l’esprit colon le libérer de
notre hantise
chaque opération contre nous nouvel épisode
biblique délire verbeux de généraux
notre imaginaire labyrinthe dans un
mouchoir de poche
nos pieds errent danseurs fous dans une
cage qu’aucun singe ne nous envierait
mais nous avons largesse d’opprimés
faisons vibrer quotidien pour en faire
secrètes musiques
sans mer sans terre sans ciel notre cri
retombe sur nos têtes avec projectiles
pour apprendre à courber l’échine
gaz à Gaza
Gaza prison avec du gaz au large
Gaza langue de terre dont on tire révérence
Gaza poème coincé dans les entrailles
Gaza fiction modernité à la corde raide

Michel Cassir, 2014

Gaza l'été

GAZA THE SUMMER

sea frowning eyebrow of an admiral
land barbed wire that unrolls its arabesques
sky assemblage of drones of all nuances
sky electronic octopus its forehead gouged by the sun
land giving birth to incarcerating towers
land parched skin
sea optical illusion its fish belonging to the high
strategy of the state
sky shower of spears nailing to the ground any spurt of humanity
sky capsule remotely guided by divine
justice which has delegated its power to democratic masks
Sea dries out in the mouths of children
playing in the scrap iron of tomorrow
it flays the echo of the seashell
the child tracks the adult with his muted fear like the blood drum
panic and resistance old mirror of the teen
land enclave that breathes through its underground tunnels dug out with fingernails
these diabolic arteries must be eradicated from memory
they will be sunk in a lake of complacence under the eye of the presumed master
sky pot of empty stomachs the land filling them with dust mixed with metallic chips
sea it drowns in the black gaze of asphyxia
contrary to this old Arab poem which
said that the sea is in front and the enemy
in the back
here every idea is doomed to annihilation
neither ahead nor behind only the tangle of
nightmares roaring like wild beasts
Outside sea is not the sea nor land is the land and sky has hardly its likeness with its
murmurs of supersonic spy
inside big fatal circus where at times we
enjoy everything, run desperately, or hide to the ground
no place is spared when lightnings seize the poor saturated sky breathless unicorn
How long will this sky hold
not only an experimental theater of fire and tactician silence but at the heart of
seduction or of the invective rain of
messages to arouse the indigenous fear
inside the heart is no more at counting heads
and bodies that detach like the petals of a daisy
it seems that this land is ours and with it
parody of a sky and at least a view of the sea with close stealthy fishing
not to push too far the patience of the gods of war
these zealous gods chess players have many roles to punish to besiege but also to educate gifted and sly democracy
we are nothing here in Gaza a few
stubborn people all qualified terrorists women children adults all equal the ignominy
plucked and transformed into abstract entities
to purify the settler’s mind to free it from our haunt
each operation against us a new biblical episode verbose delirium of generals
our imaginary labyrinth in a pocket handkerchief
our feet wander crazy dancers in a cage
that no monkey would envy us
but we have largesse of oppressed
we cause daily vibrations to make
secret music
without sea without land without sky our cry
falls back on our heads with projectiles
to teach us to kowtow
gas in Gaza
Gaza prison with gas in the offing
Gaza strip of land from which we walk away
Gaza poem stuck in the guts
Gaza fiction modernity walking a tightrope

Michel Cassir, 2014

Gaza the summer, Translated by Saad Ghosn and the author

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